Nous entendons enfin parler du harcèlement scolaire, que ce soit par les professionnels de la santé mentale, les médias, à l’école ou encore en politique. Néanmoins, cela n’empêche pas que ce type de harcèlement soit omniprésent dans les établissements scolaires. Actuellement, ceux qui ont subi du harcèlement en souffrent encore.
Effectivement, la personne qui subit le harcèlement en souffre au moment où elle le vit, mais aussi dans ses expériences futures. Ce harcèlement est humiliant et douloureux. Outre le côté scolaire où il y a un impact sur les notes avec un risque de phobie scolaire, il y a une réelle souffrance psychologique.
Cette souffrance psychologique peut se caractériser de diverses manières. Tout d’abord, l’estime et la confiance en soi sont touchées voire détruites. Effectivement, à force d’entendre des moqueries, des insultes sur son physique ou encore sa personnalité, l’élève peut inconsciemment intégrer ces mots. Au final, on se retrouvera face à un individu qui se dévalorise, qui aura le sentiment d’être nul, moche, inintéressant. Une faille dans l’estime de soi peut avoir de fortes conséquences sur la santé mentale.
De plus, la personne ayant subi du harcèlement scolaire peut avoir de grosses difficultés dans les relations sociales. En effet, réussir à tisser des liens et à faire confiance aux autres, peut être très compliqué. Il est vrai que cela peut être difficile de donner sa confiance à des personnes lorsque des camarades de classe nous ont fait subir un enfer.
Il n’est pas rare d’observer des troubles psychiatriques chez les personnes victimes de cet acharnement. Effectivement, les personnes ayant subi du harcèlement scolaire sont plus à risque de présenter une dépression, des troubles anxieux, des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, hyperphagie) ou encore des troubles du comportement. La souffrance psychologique peut devenir insoutenable et conduire au suicide. C’est pourquoi il ne faut pas prendre le harcèlement scolaire à légère. Ce ne sont pas simplement des blagues ou des disputes entre camarades. Il s’agit d’une réelle violence, d’une maltraitance qui peut avoir de graves conséquences.
Cette souffrance peut se retrouver encore des années après le harcèlement. Certaines situations professionnelles ou personnelles peuvent faire « écho ». Nous connaissons tous jusqu’où cette violence peut aller. Il est important, à mon sens, de savoir que personne ne mérite un quelconque type de harcèlement scolaire. La personne qui le subit ne doit pas se sentir coupable de ce qu’elle vit.
Si vous subissez un harcèlement scolaire, il ne faut pas hésiter à en parler à une personne de confiance. De même, si vous en êtes témoin, essayez d’aller voir la personne concernée pour qu’elle puisse en parler.
Voici quelques numéros verts à votre disposition si vous souhaitez parler pour vous-même ou pour un ami ou votre enfant à un professionnel de santé :
- Fil Santé Jeunes : 0 800 235 236, tous les jours de 9h à 23h. C’est un numéro gratuit et l’écoute
est anonyme. - La Croix-Rouge écoute : 0 800 858 858, du lundi au vendredi de 9h à 19h et le week-end de
12h à 18h. C’est un numéro gratuit et l’écoute est anonyme. Un tchat est de même disponible tous les jours de 9h à 22h sur le site Internet suivant : https://www.filsantejeunes.com/boites-a- questions
D’autres numéros existent.
Solène Demery, psychologue
TÉMOIGNAGE :
« Ma maman adorait faire de beaux cartons d’invitation pour mon anniversaire. Elle me les donnait le matin avant l’école pour que je les distribue au cours de la journée à mes « copains ». Elle ignorait encore à cette époque que la plupart acceptaient ces cartons pour les super sacs surprises qu’elle confectionnait aux invités ou parce que leurs parents étaient familiers avec ma mère. Elle a pleuré le jour où je lui ai demandé de ne plus faire de cartons d’invitation, c’était pour mon 9e anniversaire, il me semble.
Je ne suis pas allée au collège de secteur, je ne voulais pas revoir ceux qui m’avaient donné envie de mourir à 7 ans parce que j’étais bien en chair ou avec un cerveau trop bizarre.
Le calvaire a continué au collège, jusqu’en 4e. J’ai été enfermée dans les toilettes, mes affaires piétinées, moquée par mes plus proches copines sur mon poids, celui de ma mère ou l’âge de mon père. On m’a poussé devant une voiture parce qu’« une fille grosse ne peut pas porter de jupe ». On se moquait de moi sur la photo de classe en me disant « pour une fois que tu es là, tu vas gâcher la photo ». Je suis arrivée au lycée en n’ayant pas finie, une année scolaire, depuis le CM2.
Des troubles du comportement alimentaire m’ont presque tuée et ont, aujourd’hui encore, un impact médical. Trois ans plus tard, je vis encore cette « presque impossibilité » de créer des liens sociaux. La panique de décevoir, de déranger, d’être la « bonne action » de la personne qui veut être mon amie. Ils ont juste bousillé une gamine cassée et qui aura des fissures à vie. »
Hélina, 17 ans.